lundi 17 décembre 2012

Une si belle expérience


Après 15h de train, je n’étais pas très fraîche lorsque je suis arrivée de bonne heure à Varanasi le 13 novembre. C’était le jour de Diwali, (équivalent indien de noël). J’ai filé à l’école, sans passer par les cases douche et lit dont je rêvais depuis des heures, parce que les enfants recevaient des sweets pour l’occasion. Lorsque je suis entrée dans la petite cour de l’école et que je les ai vus, alignés sous le préau à attendre leurs douceurs, le visage heureux, les yeux pétillants et un sourire aux lèvres, toute la fatigue s’est envolée, et je me suis sentie très émue. Emue, mais aussi timide : allaient-ils m’aimer ? Est-ce que je n’allais pas faire d’erreurs, est-ce que j’y arriverai ? Avec qui allais-je avoir des accointances ? Allais-je me souvenir de tous leurs prénoms ? Toutes ces questions se sont pressées dans ma tête, je dois l’avouer : ces petites têtes brunes m’intimidaient !

Cinq semaines se sont écoulées, et maintenant les questions qui se pressent sont différentes :  vont-ils rester à l’école ? Les reverrai-je ? Se souviendront-ils de moi ? Est-ce que je leur ai vraiment apporté quelque chose ? Eux m’ont apporté tellement ! Je me suis attachée à chacun d’eux, leur préparant le petit déjeuner tous les matins avec amour et attention, vérifiant les vrais bobos des uns et les faux des autres (parce qu’ils veulent tous avoir des pansements et sont prêts à se blesser exprès pour en avoir…), j’en ai amenés quelques-uns chez le médecin, j’en ramenais certains le soir sur mon vélo. Leurs cris de joie lorsque je leur montrais les différents types de coloriages, que j’ai sorti les billes ou que nous avons fait un petit tournoi de relais résonnent dans ma tête. Un rien les rend heureux, et c’est une leçon précieuse. Malgré la barrière de la langue (je ne baragouine que quelques mots usuels d’hindi et eux presque pas d’anglais) j’ai réussi à communiquer avec eux, à avoir des « private jokes », à rire, faire des blagues. Qui l’eut cru ?

Bien sûr, ce sont des enfants, et donc je rentrais parfois épuisée, sur les nerfs, et frustrée de ne pas pouvoir me faire comprendre lorsqu’ils faisaient une bêtise ou semblaient poser une question. Comment aider un enfant qui a mal sans savoir de quoi il souffre ? Une petite fille qui pleure lorsque je lui demande pourquoi elle se conduit mal et si elle a des problèmes à la maisons, comment lui apporter mon aide ? Un câlin et un bisou effacent les larmes, mais les blessures sont peut-être plus profondes, et j'ai dû me résigner à mon incapacité à les soulager. C'est la vie, je ne suis qu'humaine !

J’ai découvert comment fonctionnait cette petite association française implantée à Varanasi qui, à l’inverse de tant d’autres assos, est honnête et ne passe pas son temps à machiner pour détourner des fonds. Non, et le jour où parrainer un enfant sera possible (la demande est en cours d’un point de vue fiscal) et que je gagnerai ma croûte, comptez sur moi pour parrainer un de ces bouts de chou ! Le système de fonctionnement est intelligent et tend à l’autofinancement : Emi (initiatrice sur place du projet) a ouvert une boutique de bijoux qu’elle créé et vend au profit de l’école. Elle emploie deux jeunes filles charmantes, qui sont étudiantes mais peuvent aider financièrement leur famille et apprendre un métier concret ! Combien d’heures ai-je passées dans cette boutique reposante, à essayer tous les colliers, me pâmer devant les boucles d’oreille (d'ailleurs les copines, préparez-vous, j'en ramène pour tout le monde!!), regarder les filles faire des bijoux en maccramé avec des pierres, tout en buvant un café au lait et mangeant des samosas…ah, ça va me manquer, je le sens ! 

Voilà une expérience riche de sens pour moi, je pense qu'ils m'ont apporté plus que je n'ai pu faire pour eux... Pour le dernier jour, on m'a préparé un petit goûter surprise et les enfants m'avaient fait des coloriages. J'ai été tellement émue, je ne voulais plus les quitter ! J'emporte avec moi le pétillement de leurs yeux et l'éclat de leur sourire, qui éclipsent tout le reste...

Si vous voyez un bout de blond, bah c'est moi ! Les enfants sont si excités par les photos qu'ils ne tiennent pas en place deux minutes ! J'adore !

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dimanche 9 décembre 2012

Mes combats quotidiens chapitre 1

En ce moment, chaque journée est sinon une épreuve, en tout cas une véritable aventure où je risque ma peau ou ma bonne humeur à chaque instant. Je suis bénévole depuis un mois dans l'association Zindagi, qui a créé une école pour enfants défavorisés à Varanasi. C'est à environ 2,5 km de ma guest-house. Tous les matins, je me lève, prends mon petit-déj et file à 9H50, en vélo, apporter le petit déjeuner des enfants (un jour sur deux, j'achète des fruits et des biscuits au marché, et le reste du temps ce sont des idlis, petits pains vapeur trempés dans du chutney de coco dont se délectent les enfants : c'est une spécialité du sud). Sur le chemin, les shops ouvrent peu à peu, les marchés s'installent, les tapissiers cousent des matelas, les gens mangent debout près d'un petit stand de nourriture, les enfants bien coiffés et en uniforme partent pour l'école. Mais mieux vaut ne pas trop s'attarder sur le paysage, sinon il est certain qu'on va rentrer dans les jambes de quelqu'un, piéton ou motard. C'est déjà arrivé, donc maintenant je n'apprécie la vie de cette route lorsque je vais à l'école en vélo-rickshaw : c'est plus prudent !

Sur le chemin, je sors souvent de mes gonds car tout le monde conduit n'importe comment, les piétons traversent sous mes roues, bref, pas un jour ne passe sans que je manque de perdre une main ou que j'hurle sur un conducteur idiot. Je slalome entre les vaches, les chèvres, les rickshaws, les vélos, les buffles qui se mettent à courir sans qu'on s'y attende. Je me bats donc pour ne pas valser de mon vélo.
Il arrive très souvent de me retrouver en sandwich entre un tracteur et un rickshaw bondé pressé. Tous mes sens sont en alerte, pas question d'avoir le nez en l'air !

Puis lorsque j'arrive aux alentours de l'école, il arrive que je vois un enfant qui est dans la rue : on m'entend crier sous mon masque anti-pollution "school, school !" alors que je fais les gros yeux tout en essayant de garder mon équilibre sur le vélo encombré des sacs de fruits ou des grandes gamelles en alu avec le chutney et les idlis. Arrivée à l'école, il y a toujours quelque chose qui fait que je vais me fâcher : des mégots, des emballages de tabac à chiquer qui traînent, la vaisselle de la veille qui n'a pas été faite (ou mal faite), le boitier du savon qui a disparu, une vieille dame qui se lave au milieu de la cour de récré en utilisant le savon des enfants, des gamins des environs qui essayent de s'incruster pendant le petit déj...c'est sans fin, personne ne parle anglais et je ne parle pas hindi. Se faire comprendre est une épreuve, et le pire c'est l'après-midi lorsque je vais à l'école pour faire 2h d'atelier avec les enfants. C'est chouette, valorisant, passionnant, mais c'est tellement compliqué ! Ils sont en général entre 15 et 20 l'après-midi, d'âges variés et de niveau scolaire différent. Leur expliquer ce qu'on va faire est difficile, même avec mon petit livre de conversation en hindi qui ne sert pas à grand chose puisqu'ici, ils parlent hindi mélangé à d'autres dialectes... Mais c'est un autre combat quotidien, les enfants, je vous en dirai plus la prochaine fois ...

PS : Pas de photo de la route ou de moi sur mon vélo... si j'avais essayé d"'en prendre une, je ne serais plus en mesure d'écrire des articles avant un bout de temps je pense ;-)
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jeudi 15 novembre 2012

Bilan de deux mois en Inde !

Voilà deux mois que je me réveille tous les jours en me disant « c’est formidable, je suis en Inde, que va-t-il m’arriver aujourd’hui ? » Tout est si imprévisible, fascinant, nouveau, étonnant, étrange, incompréhensible, différent ! Depuis mon bilan du mois dernier, j’ai mis mes pieds dans le Gange et compris l’importance spirituelle de ce fleuve qu’on appelle ici « Mother Ganga ». J’ai retrouvé mon amoureux, fait un safari dans le désert du Thar à dos de chameau et dormi à la belle étoile avec les renards qui rodaient dans les dunes, visité des forts dignes du Seigneur des Anneaux, touché le Taj Mahal, porté un sari, négocié pendant des heures pour toutes sortes de choses. Je me suis retrouvée dans une jeep avec 21 autres personnes, en panne d’essence, sans personne qui ne parle un mot d’anglais. Je me suis payé un massage ayurvédique, j’ai vu une chèvre avec une veste et un buffle avec un collier de perles, été prise en photos 300 fois par de parfaits inconnus, j’ai sillonné le Rajasthan jusqu’à ne plus en pouvoir, et j’ai mangé, mangé, mangé. Tout est tellement bon si vous saviez ! Ce que je préfère, c’est la nourriture de rue. Une seule règle : mangez là où sont les femmes et vous ne serez pas malades ! J’applique cette méthode depuis deux mois, et ça marche ! 


Je suis actuellement à Varanasi ( = Bénarès), la ville sainte par excellence. En mourant là, les hindous sont certains de sortir du cycle de réincarnation et d’atteindre enfin l’Eveil : beaucoup de gens font donc des pèlerinages pour venir mourir ici, où il existe des mouroirs destinés à cet effet. La mort côtoie la vie quotidienne, on peut voir les bûchers funéraires sur les marches qui mènent au Gange au milieu d’une promenade. Je n’y suis pas encore allée car je ne m’y sens pas prête : la mort chez nous est un tel tabou que voir des corps enveloppés dans des linceuls et plongés dans le Gange ou en train de brûler sur un bûcher pourrait m’être violent. Partout on peut voir des gens aux crânes rasés : des fils ainés qui sont venus remplir les rites funéraires de leurs parents ; des femmes qui ont donné leurs cheveux en offrande au Gange au terme de leur pèlerinage à Varanasi. En ce moment, c’est Diwali, la fête des Lumières, sorte de noël indien. Les pétards claquent à tous les coins de rue, les feux d’artifice illuminent le ciel, envoyé depuis les toits-terrasse des maisons. On ne s’embarrasse pas de sécurité ici, et chaque année on compte plusieurs morts et blessés graves.

Je suis à Varanasi pour quelques semaines, afin d’aider un peu Emi dans son association Zindagi. Elle a créé une école pour les enfants d’un bidonville de Varanasi. La scolarisation des enfants, ainsi qu’un petit déjeuner quotidien sont financées par les ventes d’une boutique de bijoux qu’Emi a également créée : elle fait elle-même de ravissants bijoux.

En ce moment, c’est les vacances, mais dès lundi, j’attaque à l’école ! Je prends conscience tous les jours de la chance infinie que nous avons, les femmes en France, d’être libres. Nous pouvons faire les études que nous voulons, décider ou non de nous marier, être indépendantes, louer un appartement seules… Ici, la condition des femmes est telle que j’en ai parfois des haut-le-cœur. J’essaye de comprendre, mais c’est si différent de notre conception de la vie que c’est difficile. Je lis en ce moment le très bon livre d’Elisabeth Bumiller, May you the Mother of a hundred sons, qui m’éclaire un peu. Dans quelques mois, je comprendrai peut-être mieux…

Une chose est sûre, même si la salade verte et le fromage de chèvre me manquent (ainsi que famille, amis et amoureux), je ne voudrais pas être ailleurs qu'ici... Tout est si enrichissant, je me sens grandir !


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samedi 13 octobre 2012

Bilan après un mois en Inde

Me voilà en Inde depuis un mois ! C’est fou, j’ai l’impression que cela fait une vie entière que je suis partie ! Quand je pense à ma vie française, je la sens proche et terriblement loin à la fois. Je ne sais déjà plus quel goût ont la salade, le chèvre et le jambon, je sais juste que ça me manque. Je commence à me perdre dans les jours de la semaine et dans les dates. Mes repères ont été balayés au moment où j’ai posé le pied à Delhi le 16 septembre. Tout est différent, à réinventer en permanence. Chaque pas est une aventure, une découverte, une rencontre. La vie ici va à mille à l’heure et pourtant tout est d’une lenteur effroyables pour nous, français pressés. Les indiens vivent dans une langueur qui nous ferait sortir de nos gonds à Paris, ferait surgir des pulsions meurtrières (encore plus que celles qu’on peut avoir à la Poste parfois ou dans le métro). Alors je m’adapte, je prends le pli indien, la démarche, la façon de m’adresser à chacun. Malheureusement je ne baragouine que quelques mots d’hindi mais déjà lorsque je négocie mon kilo de bananes à un prix local en hindi, je sens un peu plus de respect. La négociation, parlons-en. Tout n’est que marchandage : c’est le sport national. Si on ne marchande pas, les vendeurs ne sont pas contents. Parfois je me demande s’ils ne font pas exprès de demander un prix exorbitant parce qu’ils espèrent jouer un peu à la marchande. J’en suis sûre même, car ils ont souvent ce sourire enfantin en coin, et lorsqu’on rit de l’énormité qu’ils viennent de sortir, ils sont hilares et commencent à être sympathiques. Sacrés indiens. Il arrive d’avoir affaire à des gens absolument exécrables, ou encore des fainéants qui n’ont pas envie de travailler et refusent que vous montiez dans leur rickshaw. Il n’est pas rare de voir un employé de bureau ronflant les pieds sur la table, dormir parce qu’il était fatigué. Etrangement, je n’imagine pas mon banquier faire ça, surtout si on le voit de la rue. Ici les gens suivent le rythme de leur corps, et dorment dès qu’ils sont fatigués : on peut voir des femmes faire la sieste sur le trottoir (quand trottoir il y a). Vous imaginez votre mère faire ça ? J’ai découvert également, contre toute attente, que les indiens mangent environ toutes les deux heures et se font franchement plaisir ! Tout est excuse à manger ou boire de bonnes choses : après avoir psalmodié des chants religieux dans leur temple, les femmes mangent des sweets (délicieuses patisseries faites de beurre, sucre et d’autres choses que j’ignore) et de la poudre de noix de coco sucrée absolument divine. Rien à voir avec nos hosties sans goût ! On boit du chai à tous les coins de rue, on mange parfois des snacks à n’importe quelle heure, et ce n’est pas une pomme comme par chez nous mais plutôt un bon samossa bien chaud ou des petits piments frais (pour ma part, j’évite).
En un mois, je suis allée à 9 endroits différents, mais je n’ai pas couru comme on pourrait se l’imaginer, j’ai dédié le temps nécessaire à chaque lieu. Et puis je l’ai dit, ici le temps est complètement distendu, les distances parcourues sont inimaginables (six heures de train pour faire 250 km). J’ai passé les deux premières semaines seule : Delhi / Jaipur / Amber / Bundi / Chittorgarth. Dans chacun de ces endroits, j’ai rencontré d’autres voyageurs ainsi que des locaux. C’était vraiment chouette. Puis j’ai retrouvé Laure (qui a déjà passé 6 mois en Inde l’an dernier et qui est revenue parce qu’elle avait eu un goût de trop peu) à Udaipur et ensemble nous sommes allées à Ahmedabad, Anand, et nous voilà à Diu.
Il m’est arrivé pas mal d’aventures, entre un singe qui a voulu m’attaquer, un buffle qui m’a chargée à cause de mon pantalon rouge, 45 km en vélo à travers la campagne Rajasthani, une baignade dans des grandes chutes d’eau avec 30 indiens qui me regardaient, des familles qui m’ont nourrie à ne plus en pouvoir, parfois en me mettant la nourriture directement dans la bouche. J’ai gravi une colline et escaladé un fort, fait de la peinture miniature sur soie, appris une vingtaine de recettes de cuisine typique, me suis enfuie d’un barbecue alcoolisé avec des tibétains, d’une soirée enfumée où les lassis étaient mélangés à du hachisch, j’ai déjà passé des dizaines d’heures dans les transports (et n’en suis qu’au début), eu des discussions passionnantes avec un jeune homme qui sillonne le monde depuis 10 ans, j’ai fait faire des habits par un tailleur qui ne parlait pas un mot d’anglais, répondu au moins mille fois aux horribles questions « vitch contrly, yur naime ? », j’ai été coiffée par des mamans indiennes, porté des bébés qu’on m’a mis dans les bras, été invitée à manger chez de parfaits inconnus (pas de panique, je n’y suis pas allée ! Mais les mamans indiennes ici n’attendent qu’une chose : vous nourrir ! De vraies mères juives !), j’ai dit un nombre incalculable de fois que j’étais mariée pour qu’on me fiche la paix, et encore tellement d’autres choses ! Pourtant, pas une minute je ne me sens en vacances, bien au contraire ! Ici mes sens sont tout le temps en éveil, je n’ai pas une minute de repos. J’apprends, encore et toujours, sur ce peuple aux traditions passionnantes, et puis sur moi-même aussi. J’avais senti que ce voyage serait mon voyage initiatique, et bien je peux affirmer après un mois ici que c’est le cas !
Je n’arrive pas à écrire régulièrement ici, j’en suis désolée mais les connexions sont assez compliquées et je ne trimbale pas mon ordinateur partout, au contraire je préfère vivre chaque moment ; par contre j’essaye de tout consigner dans mon journal pour un jour retrouver mes émotions et sentiments authentiques presque captés sur le vif. Les débuts ont été difficiles mais j’ai peu à peu trouvé mes marques, compris certains fonctionnements, développé une ouïe sélective, fait de belles rencontres même furtives, qui m’ont ôté l’envie que j’avais de rentrer pour aller plus loin, continuer la route, continuer le voyage !


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mercredi 3 octobre 2012

Les enfants de minuit

Pendant des années, j'ai feuilleté des livres de Salman Rushdie dans les librairies, attirée par le nom exotique de cet auteur indien, par des éditions parfois magnifiques, des titres attirants. Mais je n'avais jamais osé. Jusqu'à maintenant. Je ne sais pas pourquoi je me suis toujours sentie toute petite à côté des livres de cet auteur dont je n'avais jamais rien lu et très peu entendu parler. On m'a récemment recommandé "Les enfants de minuit", et je me suis jetée à l'eau. Cet énorme pavé est une sorte de tourbillon dont il m'a été difficile de sortir. L'histoire, le style, le mode narratif, tout est une sorte de gros ouragan de mots, d'évènements qui m'ont laissée le souffle court. L'écriture est d'une qualité rare (merci au traducteur d'avoir retranscrit un tel livre avec cette finesse) et l'histoire est si complexe mais si bien amenée que cela m'a immédiatement fait penser à Proust : je me suis imaginé les brouillons de Rushdie pour ce livre, et je voyais des collages dans tous les sens, des bouts rajoutés, des rappels accrochés partout... comme Proust lors de l'élaboration de La Recherche Du Temps Perdu.
Le 15 août 1947, l'indépendance de l'Inde a été proclamée, et ce fut une nouvelle naissance pour ce gigantesque pays. Des enfants sont nés en même temps que l'Inde indépendante, à minuit ce 15 août, et sont tous dotés de pouvoirs magiques très divers, qu'on n'imaginerait même pas dans nos rêves les plus fous. Saleem Sinai, le héros de cette épopée, est l'un des enfants de minuit, celui qui fut reconnu par l'Etat comme L'Enfant : il est né exactement à minuit et son destin sera lié pour toujours à celui de son pays. On entre ainsi dans la vie d'une famille indienne musulmane aisée, remontant à deux générations au-dessus de Saleem pour bien comprendre les tenants et aboutissants de sa personnalité, de tous les membres de sa famille, de tous les évènements qui leur arrivent. On pourrait penser qu'on s'y perd, mais pas du tout : Salman Rushdie parvient à nous rappeler la succession des évènements qui nous a amenés à tel moment de l'histoire : en quelques phrases, quelques pages, il nous retrace la chronologie d'une main de maitre. Ce n'est jamais ennuyeux, au contraire il le raconte toujours différemment et on est toujours content de se rappeler de telle chose qu'on pensait avoir oubliée ou mal comprise. Mais ce n'est pas un roman naïf : c'est un pamphlet politique virulent dans lequel l'auteur critique de façon très acerbe de nombreux aspects du pays : son gouvernement, ses fonctionnaires, la guerre avec le Pakistan... C'est Indira Gandhi qui est la principale cible de Rushdie. J'avais lu "Le Sari Rose" qui met au contraire Indira Gandhi dans une position de victime d'un système plus que de femme cruelle assoiffée de pouvoir, et du coup à la lecture des Enfants de Minuit, j'ai pu mieux comprendre l'importance des évènements historiques relatés, prendre un peu de recul aussi. C'est un livre vraiment intéressant, très bien écrit, et la façon circonvolutoire dont l'histoire est racontée m'a beaucoup plu : je pense que c'est un livre qui se lit et se vit avant tout, et je me rend compte à quel point il est difficile d'en parler. Une fresque passionnante qui a reçu le Booker Prize en 2008 : et c'est mérité amplement !
L'auteur est né en Inde en 1947, je n'ai pas pu m'empêcher, tout au long de ce roman fleuve, de me dire que petit garçon, Rushdie fantasmait sur de tels pouvoirs magiques, qu'il se disait que son destin était lié à celui de l'Inde... en un sens, sa vie est véritablement liée à son pays de naissance, bien qu'il n'y réside plus depuis longtemps. En 1989, Rusdie est condamnée à la Fatwa à cause de son livre "Les versets sataniques", jugé comme blasphématoire par le monde musulman, et l'auteur laisserait entendre qu'il ne croit plus en l'Islam dans son roman, il est donc également condamné pour apostasie. Pendant 10 ans il a vécu sous la haute protection britannique car sa tête avait été mise à prix, et même si on lui a assuré que désormais on ne tenterait pas de le tuer, on ne peut lever la Fatwa. Il est condamné à vie et ne peut plus guère retourner en Inde : en janvier il a été menacé de mort par des musulmans alors qu'il prévoyait de se rendre à Jaipur pour un salon littéraire... Son livre a été interdit dans de nombreux pays musulmans...

Avez-vous déjà lu un Salman Rushdie ?
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mardi 2 octobre 2012

Une histoire indienne

Il était une fois une jeune fille de la caste des Brahmanes (la plus érudite, la plus stricte) née et élevée dans un village du Rajasthan. A 19 ans, elle fut mariée à un homme qu’elle ne connaissait point : elle fut marchandée et vendue par sa famille. Elle alla s’installer dans la famille de son époux directement après les noces, dans la grande ville d’Udaipur. Elle ne parlait qu’un dialecte du Rajasthan et dut apprendre l’hindi au plus vite, au risque de ne jamais avoir aucun échange avec quiconque, dans sa nouvelle famille et ailleurs. De cette union naquirent  deux fils, qui furent élevés dans la famille élargie, auprès de leurs grand- parents, leurs oncles et tantes, leurs cousins, comme toute famille indienne respectueuse de la tradition. Moins de 10 ans après son mariage, le mari mourut. Elle dut observer le rituel du deuil à la lettre, restant 45 jours enfermée chez elle, noyée sous un flot de tissus, dans un petit coin, pleurant la mort de son maître. La vie de la veuve commença à être un enfer. Sa belle-famille montra son vrai visage : elle était ignorée par tous, reniée, elle était devenue transparente, inexistante. Seuls ses fils furent considérés par les leurs. Contrairement à elle, ses fils leur étaient reliés par le sang.
Cette pauvre âme maltraitée ne pouvait retournée dans son village, ni ne pouvait espérer se construire une vie ailleurs : là était sa place, jusqu’à sa mort. Si elle ne l’était pas déjà du vivant de son mari, elle devint prisonnière de cette belle-famille haïssante. On commença à lui demander  de payer pour ses consommations d’eau, d’électricité, de nourriture. On lui faisait payer que son mari fut mort et elle vivante. Elle était pauvre, sans ressources financières ni humaines. Elle vivait dans deux pièces jusqu’à ce qu’elle dût en rendre une faute de moyens : on lui prit sa cuisine pour ouvrir un restaurant. Deux ans elle vécut sans électricité car elle ne pouvait payer les montants qu’on lui demandait. Pour ne pas laisser ses enfants mourir de faim, elle réussit à gagner quelques roupies par jour en lavant les vêtements des touristes, dans le plus grand secret de tous : les Brahmanes n’ont pas le droit d’exercer un métier si déshonorant. Chacun prenait une part de son gagne-pain : le bakchich est roi en Inde. Sa précarité était telle qu’elle ne put bientôt plus honorer les frais de scolarité de ses enfants, qui étaient désespérés de ne plus pouvoir aller à l’école. Alors, enfin, elle demanda de l’aide à sa sœur qui lui donna de l’argent, permettant ainsi de ne pas envoyer ses enfants de 10 et 8 ans gagner leur croûte tous les jours dans les rues.
Un jour, un irlandais vint passer quelques jours à Udaipur, ville encore très peu touristique. Il venait souvent diner au restaurant de la belle-famille et alors se prit d’amitié pour cette femme harassée, durcie, seule au monde. Leur amitié ne put passer par les mots mais par un langage plus universel. Elle lui fit à manger, et il trouva cela si bon qu’il souffla l’idée qu’elle ouvrit un cours de cuisine pour les étrangers. Elle ne parlait pas un mot d’anglais, elle tenait tout ce qu’elle savait de sa mère mais n’avait jamais rien enseigné, ni transmis. L’idée fit son chemin, une liste de recettes commença à se dresser. Son premier cours arriva, elle tremblait, mais tous furent bienveillants avec elle, l’aidèrent à apprendre chaque mots, et peu à peu, à travers les cours, elle apprit à parler anglais mais également d’autres langues. Des australiens lui écrivirent ses recettes en anglais, et d’autres étrangers se relayèrent pour lui envoyer, peu à peu, des traductions des recettes dans d’autres langues. Quelqu’un lui fit son site internet une fois rentré de ses vacances. On l’aidait volontiers, tant elle avait su toucher chacun avec sa nourriture délicieuse et son charme de maman poule. Cette femme intelligente au regard vif parvint à s’extraire de la misère en apprenant tout ce qu’une mère indienne doit naturellement apprendre à sa fille : la cuisine. Aujourd’hui, j’ai passé 5h avec Shashi à sentir, goûter, malaxer, couper, frire, déguster, mixer, mélanger, apprendre. Comme j’aurais pu faire avec ma propre mère, et c’était un moment merveilleux. 
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mercredi 26 septembre 2012

Les aventures fantastiques d'Hercule Barfuss

C'est rare d'avoir un roman avec un vrai anti-héros. Mais là franchement, Carl-Johan Vallgren y est allé fort. En plus d'être né avec un bec de lièvre qui commence sous les yeux, Hercule Barfuss est sourd, muet, sans oreilles avec une tête deux fois trop grosse, des petits moignons à la place des bras, des jambes de nain, une toison drue et noire sur le dos. Bossu, quasiment chauve avec des tâches de vin partout, le crâne bosselé...Ce "monstre" né en 1813 aurait du mourir à la naissance ou très peu après, mais sa détermination à vivre a été si forte qu'il a survécu et développé des capacités extraordinaires de langage : non seulement il fait tout avec les pieds (langage des signes, les utilise pour jouer de l'orgue, attraper des choses, ouvrir des portes...) mais il lit également dans les pensées... et peut communiquer en esprit avec n'importe qui !
Cet être incroyable a un destin extraordinaire malgré - ou grâce - à la répression ecclésiastique très forte de l'époque qui va tenter par tous les moyens de le réduire à néant car il semble être l'incarnation du diable. Plus que la soif de vivre, c'est l'amour qui va faire vivre Hercule, l'amour d'Henriette, petite fille née la même nuit que lui dans la maison close où sa mère est morte en couches. Henriette est sa raison de vivre, de se battre, d'y croire toujours.  Dans l'Europe du XIXème siècle, Hercule va vivre des aventures folles, au gré des rencontres toujours inattendues.
Un roman loufoque, très touchant, un peu trop centré sur l'obscurantisme religieux de l'époque mais très crédible... On y croit, on est emportés dans la lecture... La preuve : lu en 3 jours malgré ses 450 pages! Je le recommande parce qu'il s'agit d'un livre vraiment décalé (et je n'adore pas ça d'habitude !) D'ailleurs, je préfère le titre original : "The horrific sufferings of the mind-reading Hercule Barefoot, his wonderful love and his terrible hatred". Quoi de plus attirant comme titre ?!

L'avez-vous lu ?
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mercredi 19 septembre 2012

Rien n’est trop beau : un grand plongeon dans le New-York de 1950


Cette couverture assez simple, complètement trafiquée mais synonyme d'une époque intéressante mais que je connais trop peu m'a attirée comme un aimant. J'ai acheté ce gros pavé en craignant de ne pas avoir le temps de le lire avant mon départ, de devoir attendre l'an prochain pour le lire. Finalement, je l'ai lu en deux jours top chrono : je me levais la nuit pour le continuer. 
En lisant ce roman, j'avais l'impression de retrouver Mad Men, et ça m'a beaucoup plu. Rona Jaffe - une femme - met en scène des jeunes filles américaines dans les années 1950, secrétaires dans une grande maison d'édition new-yorkaise, qui ont toutes des rêves : un beau mariage, l'amour, la gloire, le bonheur. Elles sont ambitieuses, prêtes à tout, attachantes, déjantées, touchantes. Chaque personnage a sa personnalité propre, très bien ficelée et cohérente, et le lecteur navigue de l'une à l'autre de façon très fluide. On ne s'attarde jamais trop sur l'une ou sur l'autre ; assez cependant pour avoir le temps de connaitre chacune d'elle, d'imaginer son quotidien, de lui attacher notre sympathie. 
Rona Jaffe a écrit ce livre un peu à la suite d'un pari avec un ami producteur de Hollywood, et a pour cela interviewé un très grand nombre de ces jeunes filles qui ont débarqué à New-York des étoiles plein les yeux et des rêves plein la tête. Enfin, on a parlé au grand jour des doutes et des problèmes de ces filles au quotidien : celles qui ont des rapports sexuels avant le mariage, celles qui tombent enceintes, celles qui vivent dans une grande misère affective et financière, celles qui sont harcelées au travail, qui sont contraintes et humiliées en permanence si elles veulent garder leur emploi, celles qui sont divorcées, mères célibataires... toutes ces choses préoccupantes mais indicibles, des millions de jeunes américaines ont enfin pu les comprendre et les partager grâce à ces héroïnes auxquelles elles se sont identifiées. Enfin, on a porté un regard bienveillant sur la condition féminine de l'époque avec beaucoup de talent. 
En aviez-vous entendu parler ?
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lundi 17 septembre 2012

Questionnaire de Proust #9

Une nouvelle semaine qui commence par une question proustienne :

Le pays où je désirerais vivre ?

Moi qui suis partie hier (oui, c'est un billet planifié, car je ne sais quand j'aurai Internet) au bout du monde pour explorer de nouveaux horizons, comprendre une culture radicalement différente de la nôtre, je dois dire que je ne sais absolument pas dans quel pays j'aimerais vivre. Sans doute pas l'Inde, même si elle me fascine, certainement pas les États-Unis (ou bien en Louisiane, dans les années 1960 mais c'est tout). Je n'adore pas l'Angleterre où les traditions du thé se perdent à mon plus grand regret... et je dois dire que je ne connais guère beaucoup d'autres pays ! J'irai vivre quelques mois en Espagne l'an prochain, mais je ne crois pas que ça sera un pays où j'aimerais vivre plus longtemps... Je pense qu'on rêve toujours d'un ailleurs mais c'est pour mieux se rendre compte qu'on est bien chez nous. Il y a tant de lieux si incroyables dans le monde, bien sûr qu'on a envie d'aller découvrir, explorer, visiter, mais à long terme, pour construire sa vie, je ne pense pas que ça soit obligatoirement loin de là d'où on vient. Pas certain que j'aimerais élever des enfants sur un versant de l’Himalaya, ou sur une plage Balinaise. Mais on n'en sait rien, par hasard je serai peut-être amenée à vivre en Amérique Latine ou en Australie ; après tout la vie est longue, et je n'en suis qu'au début. Mon voyage sera certainement un déclic pour beaucoup de choses : je serai mieux capable de répondre à cette question dans un an ou deux!

Et vous, dans quel pays aimeriez-vous vivre ?
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mercredi 12 septembre 2012

J-4 : Le grand départ approche !

Le grand départ approche ! Impossible de vous décrire les mille sentiments qui m'assaillent en permanence... Mais je viens d'entendre une phrase que j'ai envie de partager avec vous, parce qu'elle résume mon enthousiasme pour ce voyage :  

" Faites que le rêve dévore votre vie, afin que la vie ne dévore pas votre rêve" 

C'est beau !! Alors, vous, que faites-vous pour que la vie ne dévore pas vos rêves ?
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lundi 10 septembre 2012

Questionnaire de Proust #8

Nouveau lundi, nouvelle question de mon auteur fétiche :

Ce que je voudrais être ?

On voudrait être des milliers de choses, avoir mille et un visages, mille et une possibilités de vie différentes, avoir un métier passionnant, être quelqu'un de bien, d'aimé, de recherché, être intelligent, drôle, entouré, intéressant, dévoué, beau, mince, irrésistible, heureux, riche... Je pense qu'on aspire à tout plein de choses, atteindre cet idéal qu'on s'est forgé tout au long de notre vie. J'aimerais être toutes ces choses mais au-delà de tout ça, avant tout, surtout, j'aimerais être consciente de qui je suis réellement, au fond, pour mieux comprendre le monde qui m'entoure, et faire des choix qui soient cohérents avec qui je suis : j'aimerais être entièrement alignée. Et tout le reste découlera naturellement de cet alignement, je pense.

Vous pouvez lire "le blog de l'alignement" qui explique ce concept mettant l'essentiel au cœur de l'important. Mais avant tout, il faut comprendre ce que c'est que l'essentiel...

Et vous, qu'est-ce que vous aimeriez-être ?
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Quand ma librairie fait de l'esprit

J'habite un quartier tout sauf populaire : des familles riches vivent là, dans de grands appartements Haussmanniens, leurs enfants ont une petite raie sur le côté et sont habillés en Bonpoint depuis leur naissance. C'est un arrondissement de droite, et le prix d'une tranche de jambon chez le boucher donne plutôt envie de devenir végétarien.
Ce matin en passant devant ma librairie trop mimi que j'aime beaucoup, j'ai été choquée par le panneau noir sur lequel, toutes les semaines, un nouveau livre est mis en avant. 

Je me suis dit "c'est gonflé, mais ça doit révéler des choses..."
Voilà le résumé trouvé sur ce site :

« À quoi penses-tu ? Comment te sens-tu ? Qui es-tu ? Que nous sommes-nous fait l’un à l’autre ? Qu’est-ce qui nous attend ? Autant de questions qui, je suppose, surplombent tous les mariages, tels des nuages menaçants. »
Amy, une jolie jeune femme au foyer, et son mari Nick, propriétaire d’un bar, forment, selon toutes apparences, un couple idéal. Ils ont quitté New York deux ans plus tôt pour emménager dans la petite ville des bords du Mississipi où Nick a grandi. Le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, en rentrant du travail, Charlie découvre dans leur maison un chaos indescriptible : meubles renversés, cadres aux murs brisés, et aucune trace de sa femme. Quelque chose de grave est arrivée. Après qu’il a appelé les forces de l’ordre pour signaler la disparition d’Amy, la situation prend une tournure inattendue. Chaque petit secret, lâcheté, trahison quotidienne de la vie d’un couple commence en effet à prendre, sous les yeux impitoyables de la police, une importance inattendue et Nick ne tarde pas à devenir un suspect idéal. Alors qu’il essaie désespérément, de son côté, de retrouver Amy, il découvre qu’elle aussi cachait beaucoup de choses à son conjoint, certaines sans gravité et d’autres plus inquiétantes. Si leur mariage n’était pas aussi parfait qu’il le paraissait, Nick est néanmoins encore loin de se douter à quel point leur couple soi-disant idéal n’était qu’une illusion."

Quel est donc le rapport avec la politique, Hollande ou l'Elysée ?! Je ne m'intéresse absolument pas à la politique (ne me conspuez pas, c'est ainsi) et je trouve scandaleux de la part d'une librairie de mettre une telle accroche pour vendre un bouquin qui n'a rien à voir : c'est purement gratuit, mais cela doit faire plaisir à la population du quartier....

Qu'en pensez-vous ? Ca vous donne envie de leur acheter ce livre ?
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lundi 3 septembre 2012

Questionnaire de Proust #7

Aujourd'hui, une question assez difficile parce qu'il ne fallait choisir qu'une seule réponse, en prenant mes amis dans leur globalité (et tenter de ne pas faire du cas par cas...) :

Ce que j'apprécie le plus chez mes amis ?

Complexe n'est-ce pas ? Je dirais pourtant que ce que j'apprécie le plus chez mes amis est la possibilité de cet échange et partage par plaisir, sans se forcer à rien, être vraie et sincère sur tous les sujets. Parler des choses qui ont du sens, soutenir malgré certaines loufoqueries, inconditionnellement, malgré les différences ....

Et vous, qu'appréciez-vous le plus chez vos amis ?
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dimanche 2 septembre 2012

Petite considération du dimanche

Je pars dans moins de 15 jours, voilà, c'est dit. A 8000 km de ma vie, de mes repères, de mes proches. Une parenthèse qui aura certainement un impact encore plus important que je ne peux imaginer sur mes choix futurs. Ça me parait irréel, bien que j'aie parfois des sursauts de lucidité qui me font osciller entre terreur et excitation. Je me perds dans la lecture du coup, pour essayer de penser le moins possible, je me recroqueville un peu dans ma coquille, je fais "comme si de rien n'était". Me dire que je vois telle personne pour la dernière fois avant au moins un an me rend triste, même si je vais vivre de fantastiques aventures ! Je préfère plonger dans des mondes de mots, cela m'aide à m'équilibrer. L'autre jour, à la Fnac, j'ai acheté 3 livres (au moins 1500 pages en tout) et à la caisse, je me suis dit avec tristesse "mais, tu n'auras pas le temps de tous les lire avant de partir, c'est idiot". En effet, c'est idiot, mais dans un an, je serai peut-être ravie de trouver ces livres qui m'attendent. Préparer le retour avant même d'être partie peut sembler étrange, mais ça m'aide à trouver une continuité, relativiser sur cette période qui me semble si longue vue d'ici. Faire des projets pour après, bien que je sache pertinemment que tout sera si différent. 
Mais je ne pourrais absolument pas faire marche arrière, malgré ma peur. Je sais que c'est devenu un passage obligé pour moi, c'est un voyage initiatique, c'est ce que j'ai compris après avoir pris la décision de le faire : un livre a été un vrai déclic pour ce voyage, dont je vais consacrer un article complet : Le Manifeste Vagabond, de Blanche de Richemond, qu'une amie m'a offert juste après sa sortie. Je pense que dans toute une vie, seuls quelques ouvrages sont ceux qui nous marquent à jamais, bien que tous nous construisent à leur manière.

Quels sont les livres qui ont été très importants pour vous ? Et pourquoi ?
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jeudi 30 août 2012

L'Or Perdu de la Joie

Il y a quelques semaines, la maison d'éditions SALVATOR m'a contactée (non non, ce n'est pas pour me faire publier !) me proposant de lire un livre en avant-première : L'Or Perdu de la Joie, d'Olympia Alberti. Ne connaissant pas cette auteur qui a tout de même publié une trentaine d'ouvrages, j'ai été séduite par cette nouvelle expérience de lecture, mais aussi par le sujet du livre : un roman sur la relation qui a unis le poète Rainer Maria Rilke à la sculptrice Camille Claudel. J'avais lu Lettres à un jeune Poète de Rilke, que j'avais beaucoup aimé, et je connaissais Claudel surtout parce qu'elle était l'élève de Rodin. Mais je n'en savais pas plus sur eux, et les découvrir davantage m'a intéressée. Alors un jour, j'ai reçu les épreuves du livre qui n'avait pas encore été imprimé, où les feuilles étaient attachées par des élastiques. Quelle émotion ! Je me suis dit : "Voilà, je reçois là ce que reçoit un auteur qui va être publié". J'ai été très émue, sans grande raison. Puis j'ai reçu l'ouvrage enfin édité, plus facile à transporter partout pour le lire.
La majeure partie du livre met en place les personnages comme narrateurs : je trouve que l'auteur a pris un gros risque puisqu'on alterne entre les notes (hypothétiques) de Rilke dans son carnet, une narration des faits depuis le point de vue de Rilke ou Camille, et des lettres (également hypothétiques). Quelle gageure ! N'étant pas une experte de Rilke, je ne sais pas si on pourrait confondre ces passages d'écriture solitaire romancé avec de véritables fragments de journal de l'auteur ou non, mais la plume d'Olympia Alberti ne nous laisse pas nous poser trop longtemps la question : elle est fluide, poétique, lumineuse. Entrer dans la pensée, le langage de ces artistes intellectuels n'a pas été chose facile pour moi : à un autre moment j'aurais énormément apprécié cette bulle de poésie philosophique du début du siècle, mais alors que je me rapproche à grands pas de mon voyage, je n'ai pas l'esprit assez reposé pour apprécier les circonvolutions de cet ouvrage écrit avec talent. Ce n'était pas le moment pour moi de le lire : alors que je subis continuellement un flot de sentiments et d'émotions à cause de mon départ imminent ; je n'ai pas été assez sensible à ce qui est pour moi une intellectualisation des sentiments par les deux personnages, qui tentent de comprendre leur amour, leur vie, de mettre des mots sur tout cela, j'ai eu une impression d'incapacité à lâcher prise. Tous deux semblent avoir eu (en tout cas dans la période relatée) une vie affective à la fois très pauvre et très riche, toujours à la recherche de Sens Profond. De nombreux thèmes sont abordés : l'amour évidemment, mais également l'art, l'écriture, le dépassement de soi, la persévérance, l'aliénation et l'affranchissement au passé...
Je pense que je suis passée à côté de ce livre qui est un pari intéressant et un peu culotté (prendre la plume de Rilke, quand même !) mais réussi à mon sens. A lire lorsqu'on a l'esprit assoiffé de considérations philosophiques sur les choses essentielles de la vie.

Un petit passage sur l'amour :

"Aimer, plus encore que désirer qui n'était qu'une approche,c'était la richesse, inestimable, impossible à concevoir à ceux qui n'étaient pas traversés, à celles qui n'avaient pas abordé ces rivages d'éblouissement."
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mercredi 29 août 2012

Broken - un film bouleversant

J'y suis allée vendredi dernier, aimant les films un peu décalés, comme Submarine ou Terri que j'ai vu récemment. La bande-annonce ne permettait pas de mesurer la tornade émotionnelle que ce film allait magistralement déclencher.
Skunk, une petite fille qui va rentrer au collège, est témoin d'une scène d'une violence inouïe : son jeune voisin un peu simplet se fait tabasser presque à mort. La violence du monde adulte inonde alors peu à peu la vie de cette enfant qui vit avec son père, son frère et la "nounou" : leur mère les a abandonnés pour vivre avec un autre homme. Tout devient hostile pour Skunk, elle ne retrouve plus son monde rassurant et sans trop de bavures de l'enfance : elle est projetée bien trop tôt dans les problématiques des adultes, si noires, violentes, effrayantes.
Très bien entourée par sa nounou et son père d'une extraordinaire présence, elle perd pied, n'admet pas ce qu'il se passe autour d'elle.
L'histoire de plusieurs familles se superposent et s'entremêlent, donnant une impression de huis clos parfois étouffant. Comment vivre en communauté, en "bons voisins" quand a des voisins détraqués ? Quelle est notre place, dans une famille, une classe, une communauté ?
La petite fille qui incarne Skunk, Eloïse Laurence, est pour moi un des piliers de ce film : elle semble taillée pour ce rôle d'enfant perdue, en mal d'amour et de protection maternelle. Tim Roth, qui incarne le père de Skunk, est également un élément qui donne au film une dimension très touchante : cet homme, abandonné, se dévoue pour ses enfants de façon saine, alors qu'on voit son voisin, incarné par Rory Kinnear, complètement dépassé par son rôle de père veuf qui étouffe ses filles, les protège coûte que coûte sans voir les dégât irréparables que cela cause dans leurs vies.
Je suis passée par de nombreuses émotions pendant cette heure-et-demi, j'ai ri, eu peur, été angoissée, oppressée, j'ai soufflé, j'ai failli pleurer... C'est le tout premier film du réalisateur Rufus Norris, qui a su nous émouvoir d'une main de maître ! 

Est-ce que vous avez envie de le voir ? Vous l'avez vu ? Qu'en pensez-vous ? Dites-moi tout!
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lundi 27 août 2012

Questionnaire de Proust #6

Reprenons le questionnaire de Proust là où on l'avait laissé il y a quelques semaines !
Aujourd'hui, la question est :

Quelle est la fleur que j'aime ?

J'adore les fleurs : j'ai grandi dans une maison entourée de jardins garnis aux mille senteurs délicates : fleurs, fruits, aromates, pins, herbe fraîche...
J'allais courir et vagabonder dans les champs de blé et de maïs, m'inventant des histoires de sioux et cueillant les coquelicots qui naissaient partout, clandestins et indisciplinés...
J'aime être entourée de fleurs de toutes sortes, mais la reine des fleurs est pour moi la Pivoine. Généreuse, plantureuse, couleur pastel ou vive, parfois odoriférante, explosive...
J'en parlais d'ailleurs l'an dernier ici

Et vous, quelle est votre fleur préférée ?
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dimanche 26 août 2012

Petite pensée en passant

Je viens de terminer un livre qui m'a tenue en haleine depuis quelques temps - 800 pages d'une rare exigence : Les enfants de minuit, de Salman Rushdie.
Je vous en parlerai plus longuement, car ce livre mérite d'être digéré avant qu'on en parle. Je l'ai fini avec tristesse et soulagement : le tourbillon de mots, d'histoires enchevêtrées, de personnages multiples, d'évènements... j'ai l'impression d'avoir retenu mon souffle tout au long de ces pages merveilleuses, et d'être maintenant vidée. Étrange sensation que j'ai rarement eue au sortir d'une lecture.


J'ai déjà commencé autre chose mais je ne peux m'empêcher de penser à Saleem Sinai, le personnage principal des Enfants de Minuit. Son histoire abracadabrantesque m'habite et je sens qu'il va être difficile d'en sortir.

Est-ce que vous vous êtes déjà sentis comme ça en finissant un livre ?
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vendredi 17 août 2012

Fuyez Paris !

"Crispée" est le mot, et ce n'est pas sûr que du yoga ou des massages ou de la méditation m'aideraient à me décrisper, il y aurait du boulot. Depuis un mois que j'étais partie en vacances, j'avais adopté un nouveau rythme plus tranquille, serein, dans des lieux calmes, beaux et agréables. Depuis deux jours, je suis rentrée à Paris et je dois dire que le retour est une véritable claque au visage. D'ailleurs, tout mon corps souffre et me fait sentir à quel point Paris est aimable seulement quand on en est loin.
C'est simple, depuis deux jours, mon cou et mes épaules sont crispés, coincés, en révolte. Tous les bienfaits des vacances se sont envolés. J'ai mal partout, beaucoup trop chaud, mes jambes me tiraillent horriblement et se plaignent lorsqu'il faut marcher des heures ou monter les 6 étages qui distancient la rue de mon lit. J'ai des yeux tellement agressés par la pollution de l'air qu'ils ne supportent même plus les lentilles. Les gens ne sont pas aimables parce qu'ils aimeraient passer leur mois d'août ailleurs, certains sont même franchement odieux. Une lourdeur plane partout, et j'ai bien envie de fuir au plus vite cette ville inamicale. On s'y sent apathique et misérable. Quelle plaie !
Mon corps en révolte m'inquiète car il ne suit pas : depuis deux jours, en effet, je fais beaucoup de courses pour mon voyage, je préfère faire ça de façon condensée plutôt qu'étalé sur des semaines, mais je m'en mord les doigts. La migraine ne me lâche plus et les risques de mauvaise humeur s'abattent bien plus généreusement qu'à l'ordinaire. Il faut absolument que je retrouve la pêche, je ne peux pas laisser mon corps à la dérive avant ce grand voyage qui m'attends dans un mois. Et je me rend compte qu'en tout cas, Paris n'est pas un endroit vivable, ni en août ni jamais. La perspective des 37°C de dimanche m'angoisse déjà, alors qu'il y a 10 jours, cela promettait une belle après-midi dans la fraîcheur du jardin, face à la mer...

Êtes-vous rentrés de vos vacances ? Qu'est-ce que ça vous fait ?
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mardi 14 août 2012

L'été file...

... à une vitesse si affolante que j'en ai parfois la nausée. J'ai la grande chance d'être en vacances depuis le 1er juillet, ça ne sera certainement pas comme ça toute la vie : lorsque j'aurai fini mes études, je serai confrontée à la réalité de l'été des adultes. Malgré tout ce temps dont je dispose, j'ai l'impression que les journées filent entre mes doigts, elles s'égrainent si rapidement ! Cette période où j'attendais avec impatience les vacances, je les préparais minutieusement, je me disais "mi-août, c'est tellement loin ! D'ici-là je vais faire des milliers de choses"... mais mi-août, en fait, on y est, et cette période est bien loin aujourd'hui !
J'ai eu des envies de tout et rien, et je les ai respectées. Des envies de manger des choses que je m'interdis pendant l'année, et je les ai mangées avec toujours plus de plaisir. J'ai tenu un programme de sport depuis plus d'un mois, tous les jours, et je n'en reviens pas. J'ai resserré mes liens avec ma petite soeur, et j'en suis ravie. J'ai réussi à gérer ma grosse crise d'angoisse à propos de mon voyage, celle qui m'a fait tant douter, m'a donné envie de hurler et de tout annuler : j'ai demandé de l'aide et on a su m'apporter exactement ce dont j'avais besoin et qui m'a permis d'avancer, de préparer sereinement ce voyage qui s'annonce extraordinaire.
J'ai lu une quinzaine de livres si ce n'est plus, vu des films super (mais aussi parfois nazes). J'ai vu des amis, profité de ma famille. J'ai eu l'impression d'avoir 5 ans à la plage en essayant mon super et tout nouvel appareil photo qui va sous l'eau. J'ai eu l'impression d'avoir mille ans quand je devais supporter la chaleur terrible de la fin juillet (je ne rigole pas, dans le Var, c'était parfois dur). J'ai expérimenté les joies de la vie quotidienne avec deux ados, et je sais que je ne suis pas prête à avoir des enfants de sitôt.

Il y a des dizaines de choses que je n'ai pas encore faites et qui étaient au programme de mon été, mais tout passe si vite, le départ se rapproche tellement plus chaque jour que je vais devoir choisir les choses essentielles à faire et non le superflu (attention, une sieste ou un livre peuvent être essentiels, alors qu'une séance de gym peut être superflue...) : il faut que je me fasse à l'idée que je ne pourrai pas lire tous les livres qui me font de l'oeil avant mon départ, que je ne pourrai pas échapper à l'hindi dont il va franchement falloir que je commence à apprendre, au moins des phrases types, que je vais devoir dire au revoir, et ça m'angoisse. Même si la fin de l'été signifie grand départ pour moi, j'aimerais bien mettre sur pause pour retrouver la naïveté enfantine des grandes vacances...

Et pour vous, il se passe comment, cet été ?
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lundi 13 août 2012

L'impossible Pardon : nouvelle merveille littéraire

J'ai refermé dimanche un livre si prenant que j'en ai lu avidement les 500 pages en quelques heures, goulûment, presque sans m'arrêter. Une plume délicieuse, un ton toujours juste, une histoire prenante... quoi demander de mieux ? Ce premier roman de Randy Susan Meyer. Lulu et Merry ont 10 et 6 ans, vivent à Brooklyn avec leur mère qui vient de mettre leur père dehors, leur interdisant formellement de lui ouvrir. Malgré cette interdiction, Lulu ouvre la porte à son père, non par défi mais par tiraillement : qui faut-il écouter, à qui faut-il faire le plus plaisir, entre cet homme et cette femme devenus parents trop jeunes qui se déchirent en permanence ? Complètement ivre et fou de colère, le père de Lulu tue sa mère et poignarde gravement sa petite soeur Merry. C'est sur cette tragédie que devront se construire ces deux enfants, l'une avec la culpabilité d'avoir ouvert à son père, l'autre avec le poids énorme : qu'avait-elle fait pour que son papa soit si fâché contre elle qu'il a tenté de la tuer ?
Quasiment sans famille, ces orphelines vont grandir à l'orphelinat, tenter de veiller l'une sur l'autre, survivre, tout faire pour s'en sortir. Pendant trente ans, on voit leur lente reconstruction, l'une en opposition complète face à ce père qui a détruit leur vie, l'autre en intégrant ce monstre à sa vie.

Le récit à la première personne alterne la narration de l'une et de l'autre, nous permettant de mieux comprendre leurs comportements de l'intérieur, saisir leurs pensées, leurs ressentis, leurs blessures. Ce roman est bouleversant de justesse : on ne tombe pas dans le pathos ni dans l'exagération, chaque mot semble pesé, réfléchi, ressenti. Il n'y a pas du tout le côté un peu voyeur qui me gêne dans certains livres qui traitent de sujets délicats, étonnamment je trouve qu'on s'identifie aux personnages (une plus que l'autre, pour ma part), bien qu'on n'ait pas vécu leur tragédie. Leur caractère est si ficelé et bien amené qu'on a l'impression de les connaitre depuis toujours, d'être l'une d'elles, d'être une troisième soeur. 
Je pense que c'est un livre qui restera longtemps en moi, j'ai été si triste de le terminer ! Je vous le recommande chaudement en tout cas ... (j'ai promis de le prêter à deux personnes déjà, mais si cela vous dit, il pourrait devenir un "livre voyageur" pendant mon absence, ça serait chouette !)

En avez-vous entendu parler ? L'avez-vous lu ?

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mercredi 8 août 2012

Douceur hors du temps

Mon sommeil est perturbé ces temps-ci, j'ai beau être en vacances je ne dors pas plus de quatre ou cinq heures complètes par nuit. Je me réveille en permanence, sans raison, à heures fixes. Une fois sur cinq, je parviens à me rendormir. Le reste du temps, impossible. Alors je pense à mille choses, les choses que je devrai faire dans la journée, mon voyage qui se rapproche à grands pas. J'échafaude des plans, des listes mentales...  Il arrive que je m'empêche de me rendormir parce que je veux continuer ce livre passionnant sur lequel je me suis endormie la veille. Alors j'agresse violemment mes yeux en allumant la lumière (histoire de me réveiller complètement) et je lis jusqu'au matin, ou jusqu'à ce que je me rendorme.
Aujourd'hui, réveillée à 4h20, j'ai tout fait pour me rendormir : impossible. J'en paye un peu le prix aujourd'hui, mais me rendant compte que je ne dormirais plus, j'étais si contente de pouvoir continuer ce palpitant livre commencé à peine hier après-midi, Grâce de Delphine Bertholon ! Hop, un bol de céréales avec du lait bien froid (et oui, à 5h30, j'ai eu très faim !) j'ai pu continuer ma dévoration littéraire pendant quelques temps. Puis j'ai vu poindre l'aube à travers les interstices de mes volets. Je quitte cette maison vendredi matin, pas question de rester dans mon lit alors que la lumière du jours pointait son nez : si je n'aime pas le soir car il faut aller dormir, je suis une adoratrice du matin. J'ai pris une grosse couverture car il faisait  étonnamment frais dehors, après le passage de la rosée. Je me suis installée sur un gros fauteuil sur la terrasse, mon sommeil emmitouflé dans la chaude et douce couverture, et j'ai pu apprécier avec émerveillement à la naissance du jour sur la mer. Un instant c'était sombre, un peu voilé, puis on eut dit que le ciel avait subitement reçu un coup de baguette et été transformé en une aquarelle magnifique. Les couleurs changeaient d'instant en instant, passant par le rose, l'orange, le mordoré, le bleu, le gris, le beige... La brise était douce, les rayons du soleil montant atteignirent progressivement de plus en plus d'objets, d'arbres, de maisons. La vallée baigna bientôt dans une clarté dorée, magique. La mer étincelait de mille diamants minuscules. J'aurais voulu partir voguer sur ses vagues de perles et d'or sur un navire dont les voiles seraient tissées de poèmes colorés.

Les odeurs commençaient à s'exhaler des plantes et des pierres, excitées par la rosée qui a cette qualité de révélation olfactive, tout comme la pluie. La vie renaissait peu à peu autour de moi : dans les maisons, sur la route au loin, dans les ruelles de ce village multi-centenaire. C'était doux, unique, magique, intemporel. J'ai fini mon livre au moment où les rayons du soleil caressaient mon visage tout à fait réveillé maintenant.

Toute à mon moment d'éternité, je n'ai pas figé ces instants aux milliers de teintes par une photo...
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samedi 4 août 2012

Des livres, des livres, des livres !

Je passe un été assez particulier, déjà parce que ce sont les premières vacances que j'ai depuis un an (sauf une semaine à noël), et puis parce que la préparation me prend sinon tout mon temps, au moins toute mon énergie et ma tête. Du coup, il reste malheureusement trop peu de place pour m'enfuir dans des mondes imaginaires : c'est le premier été où je lis si peu. L'an dernier, j'ai été entièrement absorbée par la lecture de la Saga des Forsyte, de John Galsworthy : j'en parlais ici. 2500 pages de pur plaisir. 
Mais cette année, je fais un peu la fine bouche. J'ai lu "Tout ce qui brille" d'Anna Godbersen. Cela se passe en 1929 à New York. Ce premier tome était délicieux (bien que très facile, puisque c'est plutôt un roman jeunesse) mais cela m'a aéré la tête... quelques heures, puisque je l'ai dévoré. 
L'armoire des robes oubliées de Riikka Pulkkinen, dont on m'avait vanté l'excellence, m'a déplu au plus haut point : c'est exactement tout ce que je déteste : des phrases toutes faites avec des mots dont on sent qu'ils ont été trouvés dans le dictionnaire des synonymes. Entièrement surfait à mon goût, je comprends qu'il puisse plaire mais je le classe dans le clan des Lévy-Musso-Gavalda. A la soixantième page, j'ai arrêté de me forcer, comprenant que j'avais lu 55 pages de trop. Tant pis !

J'avais très envie de lire des romans se déroulant en Inde, ou bien des romans de voyage (j'avais adoré La Fiancée de Bombay, les Fiancées du Pacifique et Une Odeur de Gingembre : je les recommande tous trois très vivement pour qui aime les voyages, la découverte d'un nouveau pays, le dépassement de soi en tant que femme... tout ça à une autre époque!) mais avec ma nouvelle liseuse électronique, je m'étais dit que je ne m'encombrerai pas et que je trouverais tous les titres que je cherchais (notamment Les enfants de Minuit de Rushdie, le tigre blanc, le seigneur de Bombay, le Dieu des petits riens, Fous de l'Inde etc.) mais bon, comme je l'ai dit ici, je suis un peu déçue du choix restreint de livres thématiques en format numérique. Du coup, vivement mon retour à Paris pour acheter ces livres qui me font vraiment envie et les dévorer avant mon départ !

Et alors ma mère, navrée de mon errance parmi les rayonnages de notre bibliothèque, m'a suggérée une auteur que je ne connaissais pas mais dont j'avais déjà vu les livres chez nous : Nancy Mitford. Couverture 10/18 un peu vieillotte comme j'aime, les pages un peu jaunies et raides renfermant cette odeur si caractéristique de papier vieilli renfermant des milliers de mots qui emportent le lecteur dans la rêverie. Je crois que ma mère n'aurait pu mieux me conseiller à cet instant précis. Nancy Mitford est une auteur anglaise (1904-1973) dont la fratrie est très célèbre : allez jeter un oeil à l'article wikipédia, ça vaut franchement le détour ! Elle a écrit plusieurs romans dont trois mettant en scène les mêmes personnages : la narratrice (qui a 13 ans au début du premier roman) est discrète et raconte la vie tantôt de sa cousine tantôt d'une amie d'enfance, avec donc un regard extérieur et bienveillant sur leurs frasques et leurs fantaisies. Le troisième roman est beaucoup plus centré sur la narratrice, dont le mari est nommé ambassadeur d'Angleterre à Paris. A travers ces trois romans dont j'adore les titres (La poursuite de l'amour, L'amour dans un climat froid, Pas un mot à l'ambassadeur) on (re)découvre les moeurs anglaises de l'entre-deux guerres, puis post-guerre, toujours teintées de touches françaises. L'auteur y a mis beaucoup d'éléments autobiographiques et concernant ses célèbres soeurs. Fanny, la narratrice, est très attachante et drôle. Elle est née des amours folles de "La Trotteuse" et d'un jeune homme riche : Fanny sera laissée aux bons soins de sa tante Emily qui l'élèvera pendant que sa mère ira batifoler aux quatre coins du monde et se mariera une bonne dizaine de fois. Les personnages sont terriblement bien ficelés et si parfaitement dépeints qu'on a l'impression de les avoir en face de soi, les lieux sont décrits avec intelligence : on s'y croirait. Le tout mélangé à une bonne dose d'humour parfaitement anglais, cela donne des heures de plaisir littéraire intense ! C'est exactement tout ce que j'aime !
Un autre roman que je lirai après avoir fini Pas un mot à l'ambassadeur (qui est vraiment tordant), Charivari, l'a brouillée avec ses soeurs très portées par le nazisme : elle y fait une critique acerbe de la bonne société britannique où la montée du fascisme fait rage. 

Des romans à lire, à dévorer, pour changer un peu de genre, d'époque, de moeurs, de modes de vie, de point de vue... 

Et vous, quels romans vous touchent, cet été ?

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lundi 30 juillet 2012

Tout ce qu’on ne m’a pas dit - coup de gueule sur les liseuses

Cela fait des mois que je louchais sur les liseuses. Kobo, Kindle, Cybook, tout se mélangeait un peu pour moi, l’idée de passer à la lecture numérique me terrorisait un peu, j’avais l’impression que les livres de mes étagères me faisaient les gros yeux quand je pensais à ce tout petit objet qui peut renfermer des centaines de mondes pour quelques centaines de grammes. Je les regardais, les comparais, lisais des articles dessus. J’en avais envie depuis des mois quand, n’y tenant plus, je me suis jetée à l’eau et j’ai choisi la Kobo, que j’ai demandée à mon anniversaire. En plus, puisque je pars en voyage, cela va m’être d’autant plus utile que je ne pourrai pas partir avec une valise pleine de bouquins, à mon grand désarroi (pas question de rester sans livre, et de devoir lire des livres trouvés dans les librairies locales par défaut – ce système d’échanges entre routards est toutefois une chose extra, mais j’aime avoir la certitude d’avoir toujours un livre en avance, un bon, au cas où… Et là ce n’est pas un mais 1000 que la Kobo permet d’emmagasiner, quel bonheur ! Un mois d’autonomie, des milliers de titres gratuits (« tous les classiques sont dispo », j’aimerais qu’on me définisse le mot « tous », mais nous verrons cela plus loin), que demander de plus ? (beaucoup, en réalité)

Mon amoureux m’en a donc offert une, avec une pochette et une petite lampe pour lire quelles que soient les conditions. Hourra ! Merci merci !
Lorsque je me suis penchée sur la question, j’ai été surprise de ne pas trouver de mode d’emploi, ni papier ni sur internet. Je me suis dit que ça devait être si intuitif que ce n’était pas la peine, et en plus c’est supposé être pour tous les publics, en particulier les personnes âgées qui peuvent augmenter la taille de la police à leur guise. Et puis le vendeur de la FNAC m’avait assuré, quelques semaines auparavant, que c’était d’une simplicité enfantine, presque aussi simple que de brancher un grille-pain. J’aurais dû me méfier du « presque ». J'ai téléchargé le logiciel "kobo" et ai créé un compte,comme l'écran d'accueil me le demandait. Puis, plus rien.   Comment charger des livres qu'on n'achète pas via la FNAC ? Impossible de trouver la réponse, ni sur des blogs, ni sur le site de la FNAC (évidemment...) Alors je suis allée à la FNAC, pour demander si on pouvait m'expliquer, car je ramais sérieusement. On m'a envoyer paître, me prenant pour une idiote illettrée, me disant que c'était d'une simplicité enfantine. Ah bon ? Pourquoi ni moi ni mon amoureux n'y parvenons facilement alors ? Puis, dans une autre FNAC (je ne me laisse pas démonter), on m'a dit dédaigneusement "Ben, le mode d'emploi il est dans la Kobo - ah oui, à quel endroit exactement ? - Dans aide mademoiselle!"
Oui, quand on va dans les paramètres, on a le menu d'aide, et là il y a le mode d'emploi... ils n'auraient pas pu placer ça ailleurs, et le nommer autrement, je ne sais pas disons "mode d'emploi" ?
Mais passons. 

Après avoir TOUT lu, j'ai compris que ça allait être bien compliqué. Si on ne charge pas les quelques centaines de livres (beaucoup de SF, de romances à la Steele, et quelques classiques) de la FNAC, alors il fallait charger un second logiciel, pour les livres qu'on prendrait ailleurs. Evidemment, les deux logiciels n'ont aucune similitude, ils sont compliqués pour rien tous les deux... 

Je me suis rendue compte que les ebook étaient franchement chers : ils ne se basent pas sur les prix des poches mais des beaux livres : un bouquin qui coûte 17€ en librairie coûtera 14€ en ebook... et il n'y a pas tant de choix que ça : on a évidemment tous les Guillaume Musso, Marc Lévy et les Anna Gavalda, par contre impossible de trouver un quelconque Marguerite Duras ou Nancy Mittford. GROSSE DECEPTION donc. Et le pire ? Impossible de se partager des livres, ou alors je suis sotte et n'y parviens pas. Donc, moi qui achète mes bouquins et les donne à lire à mon amoureux après, ou alors je les revends, les fais tourner etc., ce n'est pas possible avec les livres numériques...

Le clou a été lorsqu'en pleine lecture de mon premier achat, tout s'est arrêté : la Kobo s'est réinitialisée sans crier gare et sans que je lui demande quoi que ce soit : après avoir sué et paniqué de ne plus retrouver tous les bouquins que j'avais mis des heures à charger, j'ai pu remettre ma bibliothèque d'ebook à peu près correctement (quelques uns se sont perdus en route) mais l'interface avait complètement changée !! 

C'est une belle invention que la liseuse, mais si c'était plus intuitif et si les distributeurs étaient moins gourmands  au niveau des prix, ça pourrait beaucoup mieux marcher me semble-t-il (et si les vendeurs de la FNAC étaient moins c***) Du coup, un livre numérique coûte cher si on espère avoir une nouveauté, mais en plus il est exclusif et on ne peut pas le partager. Zut alors, parfois, il faut peut-être simplement s'en tenir au papier!! Vais-je finalement l'emporter, cette valise de bouquins ?

Et vous, quelle expérience avez-vous des livres numériques?
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lundi 23 juillet 2012

De belles vacances pendant lesquelles je ne chôme pas !

Comme je vous le disais, j'ai retrouvé l'été. Avec lui ses joies de bons repas sur la terrasse face à la mer, l'essayage de mon nouvel appareil photo qui va sous l'eau, la lecture, le farniente, les ballades... et la préparation de mon voyage, qui me prend beaucoup de temps et d'énergie. Parfois j'ai envie de tout envoyer valser ! Il y a pas mal d'inconnues, même si les choses se précisent. Envoyer tout valser car il faut faire des choix, tel parcours, telle réserve naturelle plutôt que celle-là... en même temps, je ne veux pas tout prédéfinir à l'avance, mais comme j'ai quelques périodes butoir (fin de visa, association humanitaire, arrivée potentielle de ma famille, de mon amoureux...) il faut organiser globalement sans être trop précise pour me laisser la possibilité d'être flexible tout au long du voyage ! Et puis il faut que je me mette à apprendre un peu d'hindi, ce n'est pas gagné, mais IL LE FAUT! Du coup tout cela m'occupe beaucoup !

Et vous, comment allez-vous ?
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dimanche 15 juillet 2012

J'ai retrouvé l'été

Ne cherchez plus, nordistes désespérés. J'a retrouvé le soleil et l'air chaud si caractéristique de l'été : c'est en Provence que ça se passe ! Après des semaines dans la grisaille parisienne navrante, après avoir pris des douches plusieurs fois par jour non pas à cause du sel de mer sur ma peau mais de la pluie qui tombait aux moments les plus inattendus, j'ai enfin retrouvé l'été hier.

Je suis arrivée au crépuscule, dans mon petit village provençal perché sur sa colline face à la mer. Le ciel était teinté de rose mauve, de bleus dégradés, de jaunes orangés, de clair-obscur. Pas un nuage à l'horizon. J'ai vu la mer étinceler dans les derniers rayons de jours, de mille éclats, comme si c'était pour m'accueillir brillamment. Je suis sortie de la voiture, et mille odeurs m'ont assaillie, malgré mon méchant rhume finissant. Jasmin, iode, pins, chaleur, glycine, mimosas, et tant d'autres arômes délicieux qui me rappellent d'autres étés, d'autres moments merveilleux dans cet endroit magique, mais aussi m'annoncent avec joie que je vais passer ici un mois formidable. L'air était chargé de toutes ces odeurs s uniques, si formidables, si spécifiques, si familières, comme le parfum d'une maman qu'on sentirait par hasard et qui raviverait des souvenirs magiques et éphémères.

J'étais tellement heureuse face à la beauté des couleurs et des lieux où je n'étais pas venue depuis noël (ça n'était jamais arrivé que je reste si longtemps loin de notre maison de famille. J'ai descendu les quelques marches qui mènent à la maison, lovée en plein coeur de ce vieux village dont les pierres sont toutes chargées d'histoire. Les jardins sont luxuriants, touffus, ils explosent de plantes et de vie, on dirait des jardins presque secrets tant ils sont envahis par une belle végétation fleurie et odoriférante. Je me suis glissée à travers toutes ces plantes qui semblaient me saluer et me caresser de toutes parts (elles débordent littéralement, il faut presque se courber pour se frayer un chemin jusqu'à l'entrée). J'ai poussé la grosse porte en bois... des odeurs de maison, de cuisine, m'ont assaillie et je me suis sentie chez moi. Ça s'agitait aux fourneaux, tout le monde parlait en même temps, je me suis sentie avoir 10 ans, et ça m'a fait un bien fou. J'ai retrouvé cette belle maison, où j'aime fureter à chaque endroit, je me suis régalée, et j'ai bien sentie que les vacances d'été avaient réellement commencé hier. Un pur bonheur. Et ce soir, j'ai pu admirer un ciel complètement étoilé, ça n'était pas arrivé depuis ce qu'il me semble des siècles. Les cigales chantent, c'est l'été.
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